Tout a commencé lorsque Abraham a annoncé un projet ambitieux et éthique dans des groupes de discussion du premier projet (le projet avicole), ainsi que sur ses réseaux sociaux. Cette information s’est également répandue via des groupes WhatsApp d’entraide au Maroc.

Annonce Facebook postée par Abraham sur le groupe Hijra Keys le 15 janvier 2021, Abraham dit « nouveau projet d’ investissement que Nous proposons à nos chers frères et soeurs ».

Le projet apicole représente un investissement de 500 000 € et plus de 3000 ruches. Cependant, à ce jour, aucune preuve factuelle ne nous permet d’affirmer son existence ! Explorons donc les détails sombres de ce projet :

Le projet apicole a débuté en janvier 2021 avec la première levée de fonds. Permettez-moi d’introduire une parenthèse : Abraham est de retour avec son associé, Mouad, qui prétend être diplômé de « la meilleure école de commerce du Maroc » (ce qui est un mensonge avéré. Abraham nous a trompés ! Mais bon, il faut lever d’énormes fonds, alors on peut enjoliver un peu). Abraham prétend que Mouad est né dans le palais royal, ce qui lui confère une certaine crédibilité. Abraham affirme également qu’il s’est « repenti » de son passé lucratif dans le secteur des assurances.

Cependant, après enquête, nous avons découvert que Mouad travaillait dans « l’événementiel » trois ans avant ces projets. Il vantait sur ses réseaux sociaux « des soirées loin de l’ennui et des conventions traditionnelles » – il n’est pas nécessaire de vous faire un dessin : alcool, musique, etc.

De plus, nous avons appris que Mouad a des antécédents problématiques en Tunisie, où ses collaborateurs ont porté plainte contre lui.

Malgré cela, puisqu’il a fourni des services financiers à Abraham, celui-ci le considère digne de confiance et repenti, ce qui suffit pour lui confier une somme totale de 960 000 € pour les trois projets.Quelle perspicacité, Abraham ! Bravo ! Parenthèse fermée.

Après avoir fait la promotion sur ses réseaux sociaux et exposé son “Business Plan”(envoyé par Abraham par mail le 21 Décembre 2021, voir aussi « Business Model »), Abraham a organisé une série de questions-réponses avec les investisseurs, faisant plusieurs affirmations et promesses :

• Il a assuré que le projet était presque sans risque, car en cas d’arrêt en cours de route, la revente du matériel et des ruches (qui auraient connu une croissance) permettrait de couvrir la majorité des investissements. Il a utilisé cet argument pour rassurer de nombreux investisseurs en public et en privé.

• Il a une fois de plus affirmé la fiabilité de son associé et l’a présenté comme quelqu’un respectant « la amana » (le dépôt en arabe).

• Il a déclaré que l’activité était entièrement légale, déclarée, et que nos statuts d’investisseurs ainsi que nos parts dans la société seraient reconnus légalement.
• Il a également affirmé que tous les contrats seraient signés et légalisés.

Audio Abraham de Hijra Keys prouvant que tout est en règle selon lui.

• Il a prétendu que, étant incapable de se rendre lui-même sur place en raison de la distance entre les ruches (dans la région d’Agadir) et lui (à Marrakech), des rapports réguliers et des images nous seraient fournis par les employés sur place pour s’assurer que tout se déroule bien.

AUCUNE DE CES CONDITIONS N’A ÉTÉ RESPECTÉE, ET CELA NE L’A PAS EMPÊCHÉ DE RÉALISER UNE DEUXIÈME LEVÉE DE FONDS sans avoir vérifié quoi que ce soit, SANS AVOIR VU UNE SEULE ABEILLE, sans aucune ruche. Nous reviendrons sur cela plus tard.

Avant même l’achat des ruches, notre associé aurait signé un contrat avec une société(SRYCON) qui s’engageait à racheter la production estimée pour les cinq prochaines années. Un projet soi-disant géré par des professionnels, des personnes de confiance, des frères. C’est du moins ce que nous pensions…

Contrat de la société SRYCON posté par Abraham sur le groupe télegram « Investissement Apicole » le 26 janvier 2021 et effacé depuis!

Le contrat avec la société acheteuse s’est avéré être un faux et les liens internet renvoyaient curieusement vers la société Domaine d’Ouchen, appartenant à Mouad, l’ami proche d’Abraham.

Lorsqu’il a été confronté par certains investisseurs, Abraham s’est défendu en disant qu’il avait demandé à Mouad de lui apporter la preuve de l’acheteur, sinon il arrêterait. Le lendemain, Mouad lui a apporté un papier imprimé et Abraham l’a accepté sans poser de questions.

Les 120 « parts » à 2500€ ont été vendues rapidement, pour un montant total de 300 000€. Le projet a « démarré assez rapidement », les ruches et le matériel nécessaires pour commencer la production ont été « achetés », et les abeilles sont censées se reproduire. Cependant, aucune facture, photo ou preuve ne nous a été fournie.

Pendant ce temps, les investisseurs sont maintenus dans le silence, entravés dans les groupes Telegram où seul Abraham peut s’exprimer. Toutes les remarques, inquiétudes et soupçons sont étouffés en privé avec Abraham.

Quelques mois plus tard, les contrats sont en retard pour les signatures et surtout les légalisations. Aucune image des ruches n’a été transmise aux investisseurs. Malgré ce manque évident de sérieux, Abraham répète inlassablement que « tout va bien ».À l’été 2021, Abraham nous annonce que, en raison de quelques « problèmes mineurs » dans le projet avicole (sans mentionner qu’il s’agit d’un “incendie” et que la majeure partie de l’investissement du premier projet a été réduite en cendres), il y a eu un léger retard dans le projet apicole. Au lieu de produire du miel, nous avons soi-disant produit plus d’abeilles que prévu, ce qui nous amène maintenant à 3000 ruches au lieu des 2000 initialement prévues. Soit, pourquoi pas ?

(Pour plus d’infos sur les PETITS soucis de l’avicole, référez-vous à l’article traitant de cette affaire).

Dans le même communiqué, il nous est annoncé que la première récolte a eu lieu : 2000 kg de miel ont été produits et vendus à 250 dirhams le kilogramme, générant un chiffre d’affaires de 500 000 dirhams (environ 50 000 €).

Le tout prétendument provenant du soi-disant « Domaine des eaux et forêts du Souss » (Après vérification sur place et contact avec le domaine des eaux et forêts, il s’avère que les abeilles et les ruches n’ont jamais existé).

Mais pour Abraham, « tout va bien ». On le voit même, quelque temps plus tard, déguster dans une vidéo de propagande pour le troisième projet, ce qui est supposé être le miel issu de notre production de ruches. En réalité, Abraham n’a aucune idée de ce qu’il est en train de consommer !

Nous y voilà, près d’un an après la première levée de fonds, et Abraham n’a toujours pas vu une seule abeille ou ruche. À chaque fois, il trouve une nouvelle excuse : « Oui, mais je ne peux pas », « c’est loin de chez moi », « les ruches seront bientôt déplacées vers un endroit plus proche », « j’ai rendez-vous soit à la fin de l’année, soit début de l’année », et ainsi de suite.